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George A. Romero : du zombie comme instrument de critique de la société

Le réalisateur George A. Romero avait fait des zombies l'instrument d'une cinglante critique de la société occidentale. L'auteur de La Nuit des morts-vivants est mort à 77 ans, au Canada.

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Le réalisateur George A. Romero en 2015 pendant un match de foot à Pittsburgh où il avait tourné la Nuit des morts-vivants en 1968.

Le réalisateur George A. Romero en 2015 pendant un match de foot à Pittsburgh où il avait tourné la Nuit des morts-vivants en 1968. 

© Gene J. Puskar/AP/SIPA

Non, George A. Romero, mort au Canada le 16 juillet 2017, n'était pas "un réalisateur de films de zombies". Il était LE réalisateur de films de zombie, celui qui avait signé l'oeuvre dont tout devait découler, La Nuit des morts-vivants, en 1968. Et puis, réflexion faite, il était bien plus que cela, tant les zombies étaient moins le sujet de ses films que les vecteurs du message politique que Romero a porté depuis tant d'années.

Prenez cette fameuse Nuit des morts-vivants, sortie l'année de l'assassinat de Martin Luther King. Le film a pour héros un acteur noir, qui survit toute la nuit aux assauts des morts-vivants pour être, au matin, abattu par des miliciens blancs... Dix ans plus tard, Romero signe Zombie (Dawn of the dead en V.O), où l'épidémie des morts-vivants s'est disséminée aux quatre coins du monde. Une poignée de survivants trouve refuge dans un immense centre commercial ; la société de consommation n'a jamais eu d'aussi parlantes têtes de gondole que les muets zombies de Romero errant dans les travées de ce mall.

Les zombies sont désormais devenus produits de consommation courante

Il y a aussi Land of the dead (2005), qui décrit un monde coupé en deux, où les riches vivent dans une tour sanctuarisée et conçue pour résister aux attaques des zombies, quand les pauvres tentent de survivre dans des ghettos, directement au contact des monstres. Cette cohabitation des sociétés premium et low cost vous est familière ? Que dire alors du maître du gratte-ciel (interprété par Dennis Hopper) dont l'obsession pour les tours et les murs annonce la "trumpisation" de la planète...

George A. Romero fut le général de l'armée morte, celui qui avait mis les zombies en marche : que pensait-il de la victoire contemporaine des morts-vivants, devenus via les blockbusters (Je suis une légende avec Will Smith), les série télés (Walking dead) ou les jeux vidéo (Left 4 dead) produits de consommation courante ? Pas que du bien, tant ces créatures sont désormais vidées de leur substances socialement corrosives - et Romero disait de Walking dead que ce n'était qu'un "soap opéra".

Ces dernières années, Romero, décédé à 77 ans, arborait d'intrigantes lunettes de vue aux larges montures, évoquant deux massifs écrans, a l'instar de ceux qui pullulent désormais autour de nous. Contempteur du racisme, du consumérisme, de la paupérisation, qu'aurait-il dit de la numérisation du réel ? La question reviendra en notre esprit la prochaine fois que, l'œil rivé sur le portable, nous manquerons de nous prendre dans la rue un panneau de signalisation. Comme un zombie du 21e siècle.

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